Réparation d'une M1, page 3
L’horloge a été confiée à l'atelier « Horlogers Lyonnais » à Lyon.
Laissons lui le soin de décrire les étapes de la restauration réalisée.
Première étape
Cette phase consiste à démonter l’ensemble des éléments du mécanisme afin de les nettoyer correctement.
Mécanisme
Lors de cette étape, nous notons les défauts que nous corrigerons lors de la réparation ainsi que des observations diverses. Ces observations peuvent être des défauts non critiques, des positions relatives de pièces, des particularités, points d’attention ou vérifications ultérieures à réaliser (la salissure / graisse nous empêchant parfois d’évaluer correctement une situation).
Démontage.
À la fin du démontage, nous extrayons le ressort à l’aide d’une estrapade afin de ne pas le fausser.
Deuxième étape, le premier nettoyage
L’objectif est de retirer toutes salissures, poussières mais surtout les huiles et graisses séchées. Cette étape permet également un premier ravivage des métaux.
Pour ce faire nous utilisons, pour les plus gros éléments, un bac à ultrason rempli de Elma 1:9. Après 15 min environ nous rinçons les pièces à l’eau claire puis à l’alcool pour enfin les sécher avec de l’air comprimé et de l’air chaud.
Pour les pièces plus petites et/ou délicates, nous utilisons une machine à laver les montres. Celle de l’atelier est une ‘antiquité’ : Toutun (fabriquée à Villeurbanne). Elle n’est pas automatisée mais a le même fonctionnement qu’une machine moderne. Les pièces sont dans plusieurs paniers qui tournent à l’extrémité du bras. Ces paniers sont placés successivement dans les bocaux de droite à gauche : 1/ détergent (Elma 1:9), 2/ eau déminéralisée, 3/ alcool isopropylique, 4/ séchage (rotation et chauffage).
Premier nettoyage.
La réparation mécanique, brunissage des pivots
Il consiste à la rectification des extrémités des axes.
L’objectif est dans un premier temps de rendre le pivot cylindrique tout en retirant les rayures / creux de ce dernier à l’aide d’une lime brunissoir. Puis vient l’action de brunissage à proprement parler, qui consiste à créer une très fine couche extra dure en surface du pivot, ce qui lui donne un aspect poli mais assure surtout sa pérennité.
Suivant les besoins nous employons 3 méthodes différentes, présentées ci-après.
La Rollimat
Elle dispose d'une tête à encoches numérotées et, en face, un galet extra dur.
Rollimat, état initial, état final.
Le tour d’horloger 8 mm
Sur lequel on peut y monter une tête à encoches. Une lime brunissoir viendra alors jouer le rôle du galet extra-dur de la Rollimat. Cette méthode, plus longue, a toutefois plusieurs avantages :
Le choix de la lime brunissoir et surtout de son grain qui permet d’obtenir un travail plus abouti, là où le galet de la Rollimat ne se change pas
Les équipements du tour permettent de travailler sur des roues qui ne peuvent pas être tenues par la Rollimat.
Tour 8 mm, état initial, état final.
Le tour Schaublin 102
Il est utilisé pour les plus gros pivots. Nous utilisons le même procédé que pour un tour 8 mm.
Tour Schaublin, état initial, état final.
La réparation mécanique, le bouchonnage
Il consiste à la rectification des points de pivotement si certaines roues ont du jeu.
Afin de savoir quels trous sont à corriger, on débute par un remontage à blanc de l’ensemble des mobiles (roues) pour évaluer le jeu du pivot par rapport à son trou.
Remontage des roues, contrôle des trous.
Pour bouchonner on procède de la sorte
Repérage du centre du trou (pointe à centrer et maintien à l’aide de mors).
Agrandissement du trou à l’aide d’un ou plusieurs alésoirs, avec 3 centièmes de moins (0,03 mm) pour que le bouchon soit chassé légèrement en force. Par exemple pour un palier de pivotement (bouchon) dont le diamètre extérieur est de 2,0 mm, nous alésons un trou de 1,97 mm.
Centrage et alésage.
Chassage du bouchon dont le diamètre intérieur est légèrement plus petit que le pivot, mise en place du bouchon.
Réalisation de l’huilier en forme de cuvette à l’aide des fraises roulettes, ajustement de la taille du trou à l’aide d’équarrissoirs.
Deuxième nettoyage
Nous passons de nouveau les pièces dans les bacs de nettoyage pour retirer le gras et les micropoussières métalliques générées lors des réparations. Ensuite nous traitons les différentes surfaces afin qu’elles retrouvent leurs états d’origine. Le présent mécanisme, étant fabriqué pour les besoins de l’armée, est surtout robuste et fiable. Les finitions originelles sont bien moins poussées que ce que l’on peut retrouver sur certaines pièces d’horlogerie d’art.
Deuxième nettoyage, avant et après.
Remontage final
Le mécanisme étant réparé et les différents éléments propres, nous pouvons procéder au remontage. On commence par remettre en place le ressort préalablement graissé en utilisant l’estrapade (même procédé mais ordre inverse du démontage).
Lors du remontage des différents éléments, on dépose les lubrifiants nécessaires au bon fonctionnement du mécanisme (graisse, huile, huile extra fine) et effectuons les derniers petits réglages / ajustements.
Dans un premier temps, on remonte uniquement les éléments nécessaires au fonctionnement afin de garder un maximum d’accès et de facilité d’intervention au cas où le mécanisme deviendrait capricieux et nécessiterait une correction pour son bon fonctionnement.
Remontage.
Mise en test
En fonction du mécanisme, on utilise divers pieds de mise en test.
Cette phase de test allant de 2 à 6 semaines suivant les mécanismes, voire plus pour les très capricieux ou les mécanismes ayant subi de lourdes interventions.
Lors de cette phase on rhabille progressivement le mécanisme : remontage de la minuterie, puis des aiguilles, puis du cadran pour finir par la mise en test dans le boîtier originel.
Lorsque le fonctionnement dans le boîtier est sûr et correct, nous pouvons restituer l’objet au client.
Mise en test.
Au final
Il a été décidé de ne pas toucher à la boîte en bois pour conserver le cachet un peu baroudeur de la Chelsea Message, Center M1.
L'horloge après la peinture des aiguilles et prête pour une nouvelle vie.
